Charles 1er d’Angleterre et son épouse Henriette avec leurs enfants Charles et Elisabeth.
Henriette Marie de France (25/10/1609 – 10/09/1669) est la benjamine du roi de France Henri IV et de la reine Marie de Médicis. Elle est la sœur du roi Louis XIII.
A l’âge de 16 ans, elle épouse, au printemps 1625, le roi d’Angleterre et d’Ecosse Charles 1er Stuart. Le couple eut 9 enfants dont deux, Charles II et Jacques II, furent rois d’Angleterre.
Henriette, fort pieuse, pratique ostensiblement la religion catholique ce qui irrite les anglais. En 1644, se sentant fortement menacée, fatiguée à la suite de la naissance de sa dernière fille Henriette Anne, elle décide de quitter l’Angleterre : elle embarque dans le port de Falmouth pour rejoindre la France.
Le 26 juillet, le petit port de Melon, dans la paroisse de Porspoder (Finistère), accueille la reine Henriette. Son voyage à travers la Bretagne, de Brest à Nantes, est triomphal. Le 7 août la reine arrive dans le pays vannetais.
Ce voyage est décrit dans un article de la Gazette du 31 août 1644 intitulé « Et les honneurs rendus à la Reine d’Angleterre à son arrivée en France« .
« Le 7, elle alla à Sainte Anne, pres de Vannes, suivie des Evesques de Leon & de Rieux, ce dernier ne l’ayant point quitée depuis qu’il la fut trouver à Brest. Son dessein estoit d’y faire ses dévotions : mais la lassitude l’ayant obligée à chercher du repos, elle entra dans la maison des Carmes Reformez, qui la receurent à l’entrée du Choeur : d’où, ayant baisé le Crucifix que le Prieur lui présenta, elle fut conduite dans la chambre qui lui avoit esté préparée, où elle disna. Elle y donna un accez si libre à tous ceux qui la voulurent voit, que tous furent ravis d’une si grande bonté. Estant descendue dans l’Eglise, on y chanta le Te Deum & l’Exaudiat, pour remercier Dieu de l’avoir délivrée des périls de son voyage : puis estant remontée dans sa litière, elle alla coucher à Vannes, où elle fut fort bien receue par l’Evesque, la Noblesse, le Présidial & quantité des principales Dames du païs. Le 9, Sadite Majesté en partit & alla disner à Musullac : où arriva en mesme temps le Commandeur de Souvray envoyé par Leurs Majestés pour la complimenter & donner ordre à sa conduite : & où estoit aussi peu auparavant arrivé le sieur Krack, qu’elle avoit envoyé en Cour pour donner avis de son arrivée. Elle coucha à la Rochebernard, où elle fut complimentée de la part du Baron de Pontchasteau, qui estoit fort malada, & qui lui envoya un carrose à six chevaux & quelques coureurs pour sa suite. Le dixième, elle fut traitée par les habitans de Nantes, en un lieu appelé Saultron, où la Comtesse de Chasteauneuf lui présenta grand nombre de Dames qui estoyent venues saluer en dix ou douze carrosses, qui l’accompagnèrent jusque à Nantes, où elle fut tres magnifiquement receue, tant par le grand nombre d’habitans qui estoyent en armes, que par les diverses harangues qui lui furent faites à son entrée, comme vous avez desja sceu. L’unzième, ayant disné à Pontchasteau, elle alla coucher au Maz, maison de la Comtesse de Chasteauneuf, laquelle fut deux lieues au devant de Sad. M. avec trois carrosses & cinquante gentilshommes. Le 12, l’ancien Evesque de Leon & le Marquis de Molac prirent congé d’elle pour se retirer : Mais la Comtesse de Chasteauneuf & plusieurs Dames l’accompagnèrent jusques à Mauve, où elle disna, pour aller coucher à Ensenis.«
Dîna-t-elle dans une bonne auberge muzillacaise ou bien à Séréac chez les Le Valoys ?
Henriette eut raison de fuir l’Angleterre: son mari fut décapité le 30 janvier 1649.
En 1660 elle accompagne son fils Charles II à Londres lors de sa restauration et assiste à son mariage. De par ses quelques voyages en Angleterre où elle montre une grande bonté, l’ancienne souveraine anglaise parvient à reconquérir le cœur de ses ennemis de l’époque des troubles.
Henriette meurt dans son monastère de Chaillot en septembre 1669.
Sources :
– Article de l’Avenir du Morbihan (1913)
– Bulletin de la Société Archéologique du Finistère (1910)
– Gallica : La Gazette du 31/08/1644