1847 François CAYOT DELANDRE Muzillac

En 1847, François Marie Cayot-Délandre, qui fut secrétaire de la Société polymathique du département du Morbihan, écrit un ouvrage intitulé « Le Morbihan, son histoire et ses monuments. ». Il y décrit principalement les « antiquités » des communes.

« Muzillac – D’Ambon à Muzillac, il y a 4 kilomètres. On entre dans cette petite ville par le faubourg de Penesclus, qui n’est qu’un misérable village, et dont la chapelle délabrée n’attirerait pas les regards du voyageur, s’il ne savait qu’elle passe pour avoir appartenu aux templiers. Cette chapelle était primitivement beaucoup plus grande qu’aujourd’hui; mais en 1835 on la réduisit de moitié pour l’élargissement de la route. Heureusement on épargna deux statuettes en pierre qui se trouvent au dessus de la porte. Ces statuettes, hautes d’environ 1 mètre, représentent deux chevaliers du Temple revêtus de leurs manteaux, l’épée à la ceinture, la lance à la main, et les pieds appuyés sur un lion. L’une des deux est complète, sauf l’extrémité de la lance ; l’autre a subi de graves mutilations, et ne présente plus que la partie inférieure du corps. Ces effigies appuient la tradition, et ne laissent guère lieu de douter que la chapelle ait été en effet une propriété de l’ordre. Muzillac n’a point d’église; on y a construit récemment une chapelle, à laquelle on s’est vainement efforcé de donner un aspect monumental ; c’est une réminiscence de l’art grec, qui ne donne aucune idée de la majesté du culte catholique. La reine a fait don à cette chapelle d’un très beau tableau tapisserie qui représente le Christ en croix. L’église paroissiale est située au village de Bourg-Peaule, qui était autrefois le chef-lieu de la commune. La construction de cette église doit remonter au XIIIe siècle ; elle avait primitivement la forme d’un rectangle ; on y a ajouté plus tard des transepts ; cette addition me parait être du XVe siècle. La tour, quadrangulaire et massive, percée de baies étroites et surmontée d’une pyramide octogone en charpente, est accolée à la façade sud, auprès du transept. Cette église est munie de bas-côtés romans ; l’arcade triomphale est formée d’une belle ogive reposant sur deux lourds piliers. Cette église appartient donc à la dernière période de l’architecture romane, et se rattache en même temps au style ogival, qui commençait alors à faire invasion en Bretagne. Les abords de la petite ville de Muzillac sont pleins de souvenirs. Il y a là, auprès de l’étang de Penmeur, le lieu où s’élevait la Chambre des comptes de Bretagne, qui eut son siège à Muzillac pendant plusieurs siècles. A quelques pas plus loin, on vous montre l’emplacement d’un beau tumulus que le propriétaire du terrain a fait raser il y a peu d’années. Plus loin encore, et sur le bord de l’étang, se trouve un retranchement presque circulaire ; il est la propriété de M. Bezard, juge de paix de Muzillac, qui eut l’extrême obligeance de m’accompagner dans l’exploration du canton. Ce retranchement est placé sur la pente d’un coteau d’où l’on plonge sur ce vaste et sinueux étang. Plus au nord, et sur la rive opposée, on voit quelques restes de maçonneries, derniers vestiges du château de Penmeur, forteresse féodale qui avait probablement succédé à un camp romain ; car l’emplacement qu’il occupait était admirablement choisi pour surveiller la voie de Nantes à Vannes, qui passe à peu de distance de ce point. C’est au château de Penmeur que furent détenus quelques uns des otages donnés par Charles de Blois à Jean de Montfort, lors du traité d’Evran, en 1363, ainsi qu’on le voit dans l’Histoire de Jean IV, rimée par maitre Guillaume de Saint-André, et insérée aux Preuves de Lobineau. Presque sur la limite nord de la commune, auprès du village du Cotihir, se trouve un dolmen ; mais ce monument est incomplet. »