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Le moulin à vent de Pen-Mur et la famille Régnier

En 1922, Alfred Régnier (1889-1971, dit « Fred ») et son épouse Hélène (née Bertheas) sont correspondants du journal « Le Nouvelliste du Morbihan » et tiennent boutique au 15, rue du Méné à Vannes.
Fred était peintre-dessinateur de théâtre (notamment à Nantes), jusqu’à sa mobilisation en 1914. Blessé gravement en 1916, soigné à Lyon, il devint journaliste à « Aujourd’hui ». Il collabora aussi à plusieurs revues, en particulier « Le Crapouillot » où il publia « un groupe d’infanterie en marche vers le front » qui fut transposé en affiche dans les couloirs du métro et devint populaire sous le titre « La Madelon ». L’altération de sa santé, due probablement à ses blessures de guerre, le conduisit à abandonner son métier de décorateur et à s’installer à Vannes.
Le 1er mai 1932, le journal leur ayant donné congé, le couple Régnier ouvre une librairie où se retrouvent des artistes tels que Robert Damilot ou Jean Frélaut.
Cette librairie aura pignon sur rue durant 43 ans et une place de Vannes porte désormais le nom de Fred Régnier.
En 1940, le couple achète au baron Fabre, le moulin à vent de Pen-Mur, une ruine entourée de broussailles.
En 1945, à force de persévérance, ils réussissent à y poser une « galette » en ardoise qui leur permettra d’y séjourner durant leurs loisirs. En 1963, un vrai toit viendra couvrir le moulin qui leur servira de résidence secondaire jusqu’au début des années 70.
Dans l’édition du 22 juin 1971 d’Ouest-France, Hélène Régnier nous parle de « son moulin » :
« A Muzillac, il y a un moulin à vent dénommé « Pen Mur », qui cache avec modestie ce que fut sa vie, et les souvenirs qui en découlent. Né en 1644, du haut de sa fenêtre sur le sud, il assista entre autres faits, en 1758, à l’arrivée de quatre bateaux anglais dans l’embouchure de la Vilaine. Mais ceci n’est pas notre propos.
En septembre 1799, le Morbihan était en complet état de troubles. Le 28 novembre suivant, Georges Cadoudal, qui dirige les opérations des  Chouans, en compagnie de Sol de Grisolles, commandant la quatrième région, qui couvre les cantons de Malestroit, Redon et Muzillac, et d’un autre officier, M. d’Andigné, attend du comte d’Artois, un débarquement d’armes, de poudre, de vêtements, au port de Billiers. Ce secours arrivera trop tard.
Dans cette attente, alors que Cadoudal circule dans la région, il apprend que les « Bleus », venant de Redon, se dirigent vers Muzillac. Afin de couper  court à leur progression, Cadoudal décide de garder le pont de Pénesclus avec ses hommes, tandis qu’un autre groupe de Chouans se dirige vers le moulin à eau de l’étang de Pen-Mur, où il y a un autre passage qui  permettrait aux Bleus de rejoindre la route de Vannes.
De leur côté, les Bleus, parvenus à Bourg Pol, empruntent un chemin de terre conduisant au moulin à vent (actuellement dit Moulin de Pen-Mur), sur une hauteur qui domine à la fois Pénesclus et la vallée du Moulin à Eau, ce qui leur permet de surveiller les évolutions de leurs adversaires.
Les Bleus quittent alors le moulin à vent, pour descendre la colline au devant des Chouans, et se battent avec ces derniers, en contrebas des deux côtés, dans un lieu dénommé depuis la « Gré des Chouans ».
Les Chouans durent rompre le combat et revinrent rejoindre Cadoudal, lequel avec Menier et Sol de Grisolles, venaient également d’échouer dans leur tentative pour repousser les Bleus. Ils durent se replier en direction de Vannes.
Que l’on nous permette, pour clore ce récit, de rappeler qu’en 1944, une section de la première compagnie du premier bataillon du 4e R.I. a séjourné dans ce moulin à vent. Des résistants y ont dessiné l’empreinte d’une croix de Lorraine, dans la pierre, à côté de la porte d’entrée.
On ne peut que souhaiter une longue vie à ce moulin rénové en 1945 et qui porte allègrement ses trois cents ans d’histoire ».

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