Carnet de voyage 1782, le futur tsar Paul 1er en Bretagne : étape à Muzillac

« Aujourd’hui que la venue à Paris du tsar Nicolas II est chose officielle, il est intéressant de rechercher dans le passé de l’Histoire les précédents à ce sensationnel voyage… Soixante-cinq ans après que le tsar Pierre visite Louis XV en 1717, la France reçut la visite d’un tsarewitch qui fut plus tard le tsar Paul 1er [de 1796 à 1801]… Accompagné de son épouse, le grandduc quitta Saint-Pétersbourg en 1781 ; ils voyagèrent sous le nom de « comte et comtesse du Nord ». Suivis d’un brillant cortège, ils parcoururent successivement la Pologne, l’Autriche, l’Italie, la France et la Hollande… A Paris, le succès du futur tsar fut universel… Avant de quitter la France, le couple voulut visiter la Bretagne et particulièrement Brest, alors le premier port du monde. Ce voyage en Bretagne d’un tsar est inconnu. Aucune chronique ni mémoire du temps en font mention, à peine si les historiens de Bretagne lui consacrèrent un entrefilet… L’excursion en Armorique devait se faire par Rennes, mais le comte du Nord changea subitement d’avis et manifesta l’intention de passer par Nantes et Lorient. Les relais de poste furent organisés par les soins de M. d’Ogny, intendant général des Postes, et de M. Caze de la Bove, intendant de Bretagne. Ce voyage, fait au compte du roi, fut aussi organisé royalement ; car outre les chevaux ordinaires de la poste, à chaque relais devait se trouver « trente chevaux d’ordonnance avec harnois et bricoles de volées, sans lequel secours il est impossible de pouvoir remplir les ordres du Roy, qui veut que le service de ce prince soit fait avec soin. » Ces relais nous indiquent le voyage du fils du tsar Pierre III. Ce sont Nantes, La Moëre, Pontchâteau, La Roche-Bernard, Muzillac, Vannes, Auray, Landevant, Lorient, Quimperlé, Rosporden, Quimper, Châteaulin, Le Faou, Landerneau et Brest. Comme on le voit, c’est la principale partie du voyage à rebours que M. Félix Faure vient de faire en Bretagne. Ces diverses étapes furent toutes franchies avec toute la rapidité et tout le confortable que permettaient les moyens de transport dont on pouvait alors disposer… ». Extrait de la rubrique « Actualité » de La Dépêche Tunisienne du dimanche 23 août 1896.